Aspects du genre dans la didactique de l’anglais
Aspects of gender in teaching/learning English as a foreign language
Résumé
Gender is a transdisciplinary concept that can be articulated to language learning/teaching provided the study aims at encompassing its various aspects : comparing gender agreement in both languages in contact, then trying to understand the sociocultural implications of these systemic constraints, before experimenting the implementation of “gender awareness” in EFL (English as Foreign Language) classes, as required by the Convention pour la promotion de l’égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif (2000 & 2006).Grounding my reflection for studies in language teaching on the Sapirian hypothesis that the language one speaks is influential of one’s conception of the world, I considered gender as a “material concept” operating in languages by “a certain violence of metaphor”, and the “masculine/feminine” categories as “crassly material, philosophically accidental concepts” (see Sapir’s Language, 1921).After testing more than 1100 French native speakers (54% of girls/women) – among which high-school students, university students, teacher trainees (primary and secondary schools), teachers of English (high-school and university), and gender-aware people (students and teachers in gender studies, feminists) – on their uses and views of non-sexist, non-discriminatory language in French and English, I stated that French forced a binary vision of gender not only because the system is highly grammatical but also because there is no way to express gender beyond the “masculine/feminine” categories, even for non-living objects. On the contrary, in English, through the use of non-gendered pronouns (it, one, they), speakers/learners are given the opportunity to avoid the binary “he/she” pattern and are more willing to use epicene (common gender) pronouns. Consequently, gender in English might be considered as integrating a third category that could be seen as a “tiers inclus” beyond gender bicategorisation. In addition, expertise in English for French natives seems to influence the choice of epicene sentences (gender-fair/gender-neutral language) at the expense of feminization/gender-inclusive structures that are considered as emphasizing binary thinking about sex categories, even if feminization is also regarded as necessary by many, especially feminists (to compensate for male domination). Yet, when trying to get beyond these “material”/morpho-syntactic aspects, after questioning EFL teachers on their definition of “gender” in both languages, it is remarkable to see how traditional definitions of gender (as being “natural” in English, this analysis being based on the exclusion of “it” from the gender system, while the English gender system is typically a pronominal one, see Corbett’s Gender, 1991) and gender usage (denial of reform usage in English-speaking countries) still influence their views. One of the ways to convince teachers that gender and language actually regulate in EFL courses is to show that proficiency in English also relies on gender awareness (misuse and abuse of pseudo-generic he instead of she, he/she or they, but also it) offering examples of class activities through which students have to deal with gender in pronouns, perform gender in role-plays, write assignments focusing on job stereotypes, these courses relying on the Common European Framework of Reference for Languages.
Le genre est un concept à la confluence de nombreuses disciplines, en lien avec les nouvelles approches critiques proposées par les gender studies et les études sur le genre. Dans le cadre de l’application de la Convention pour la promotion de l’égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif (2000 & 2006), quelques initiatives ont déjà permis d’amorcer une intégration du genre pour la classe de langue-culture (LC). Cependant, il est montré dans cette recherche qu’articuler la problématique du genre à la didactique de l’anglais-LC pour francophones requiert de se pencher sur différents « aspects du genre » : non seulement étudier les systèmes linguistiques du français et de l’anglais (analyse formelle, linguistique) mais aussi comprendre les représentations culturelles de chaque sphère linguistique (analyse sociolinguistique) pour expérimenter des pistes d’application en classe de langue.Le genre, qui, dans les langues, est une catégorisation des termes, est grammaticalisé quand, porté par le substantif, il se manifeste par des marques au niveau du lexique et des contraintes d’accord au niveau de la syntaxe. Le français et l’anglais se situent à deux extrêmes : la grammaticalité du genre est maximale en français et le système alterne sur deux catégories (masculin/féminin pour les animés et les inanimés ; il n’y a pas de neutre), alors qu’elle est minimale en anglais (de type pronominal et associée au dualisme sexué pour les êtres humains), langue dont le système permet, en outre, de dépasser la contrainte de sexuation par des termes véritablement épicènes. L’approche comparée s’est appuyée sur la définition du genre que donne Edward Sapir dans Language (1921), celle que le genre est un concept d’ordre secondaire, une « forme pour la forme » opérant une « relation forcée » entre qualité, personne et action, et que les catégories du masculin et du féminin sont des « accidents philosophiques ». Il est donc proposé de considérer que la capacité de dépasser la bicatégorisation en anglais soit vue comme l’expression d’un tiers inclus.Après avoir interrogé plus de 1100 personnes (54% de femmes : public apprenant en lycée, à l’université ; stagiaires en IUFM, enseignantes et enseignants d’anglais, personnes « conscientes du genre ») il a été montré une corrélation entre le degré d’expertise en langue anglaise par des personnes dont la langue première et/ou de socialisation est le français et l’emploi des formulations non-sexistes (préférence nette pour les formulations épicènes au dépend de la féminisation, vue comme encombrante et renforçant la logique différentialiste du dualisme sexué, bien qu’estimée également comme stratégiquement nécessaire pour contrer la domination masculine). Une enquête auprès de près de 230 enseignants et enseignantes révèle, en outre, la prégnance de la définition naturaliste du genre en anglais et la nécessité qu’une formation théorique sur le genre sous tous ses aspects. L’articulation genre/langage en didactique de l’anglais en contexte LANSAD (langues pour spécialistes d’autres disciplines) montre enfin que l’on peut proposer, par exemple, des parcours ciblés pour articuler « compétence en genre » et « compétence en communication » pour faire de la « conscience de genre » un élément fondateur de la professionnalisation du public apprenant, tout en respectant les exigences du Cadre européen commun de référence pour les langues.
Infos complémentaires
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Langue originale :français
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Date de la thèse : 2011-10-15
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Informations sur la thèse : Domaine : Humanities and Social Sciences/Gender studies , Domaine : Humanities and Social Sciences/Education , Domaine : Humanities and Social Sciences/Library and information sciences , Domaine : Humanities and Social Sciences/Linguistics
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